La poinçonneuse  du tramway de Balagne

Lydia Andreuccetti, dernière garde-barrière d'Algajola est devenue la première femme agent de train en Corse

« Mesdames et messieurs, bonjour, contrôle des billets s'il vous plait », lance d'une voix ferme mais sourire aux lèvres, Lydia Andreuccetti en pénétrant dans le compartiment du tramway affecté aux rotations Calvi - L'Ile-Rousse.

Depuis le 1er juillet, la phrase rituelle de l'agent de train a quelque chose de sympathique. A 43 ans, la première femme à exercer cette fonction en Corse est visiblement heureuse.

« J'ai vite gravi les échelons ! » plaisante-t-elle

Et de confier : « Mon arrière grand-père était cheminot, son fils et une partie de ma famille aussi. Mais à l'origine, si j'exerce ce métier, c'est du à un concours de circonstances, je me trouvais là au bon moment, c'est tout », confie-t-elle.

Un changement de poste réfléchi : « C'est vrai que j'ai pesé le pour et le contre, car en même temps que j'étais garde-barrière je tenais également un commerce et je ne pouvais pas me permettre de le quitter pour un emploi précaire », dit-elle en femme d'action confrontée aux impératifs d'une double activité, qu'il lui faut concilier avec sa vie de famille.

Lydia Andreuccetti a été garde-barrière à Algajola pendant trois ans et demi jusqu'à l'automatisation du passage à niveau en juin dernier.

« C'était compliqué pour moi car je n'habitais pas sur place. Mais il y a quelques années, c'était un travail formidable pour les femmes car cela leur permettait d'être à la maison et d'élever leurs enfants tout en travaillant », se réjouit la mère de famille.

À présent, titulaire d'un contrat de travail à durée déterminée, elle sillonne presque tous les jours le littoral balanin à bord de la navette des plages et cela jusqu'à la fin août. Elle confie ne pas se lasser des paysages. « Agent de train est un travail très plaisant. J'aime le contact avec les gens mais cela nécessite une attention de tous les instants », dit-t-elle.

En effet, il faut surveiller les montées et descentes des passagers, indiquer les arrêts, et veiller à la sécurité de tous, surtout lors du croisement des trains. Il faut également répondre aux nombreuses questions posées par les touristes.

Et, l'humour de l'agent de train au féminin en prime, tout se passe dans la bonne humeur. « C'est un contrôleur étonnant ! », s'exclame une passagère.

« Certains trajets sont de véritables parties de fou rire ; on en oublierait presque les arrêts ! Je perds parfois la notion du temps à tel point qu'il m'arrive de ne plus réaliser qu'il est l'heure de rentrer chez moi ! ».

L'intégration dans ce monde d'hommes n'a pas posé de problèmes à Lydia Andreuccetti, qui a travaillé avec des déménageurs à l'âge de 20 ans.

« Il suffit de fixer les limites, et c'est plus facile à 43 ans. On se laisse moins impressionner. Mais s'il n'y a pas de taquineries, ce n'est pas bon signe non plus », conclut la « poinçonneuse » du tramway de Balagne.

Violaine RÉGNIER.

Vendredi 16 Aout 2002 - Corse-Matin

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